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MoiMonstres 2017- 18

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MoiMonstres est un solo qui propose cinq regards sur le Sida.

Des personnages tour à tour grinçants ou grimés, désemparés, comiques ou tragiques se succèdent durant 1h15 : le Sida en personne, le veuf qui se prend pour l’Homme Dernier, le Mourant qui demeure le laissé pour compte, l’Infirmière aussi folle que caricaturale, le Mec qui accompagne le malade… Après une ultime apparition du Sida, le personnage de l’Auteur clôt le spectacle.

 

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MoiMonstres aborde frontalement le Sida, alors forcément c’est tragique. Mais c’est aussi burlesque et crépitant. Parce que du côté du spectateur, on passe des larmes à la clownerie tant les personnages s’avèrent vrais et fragiles, constamment en équilibre entre le trop et le pas assez.

MoiMonstres, une pièce pédagogique ? Oui, forcément. Mais pas là ou l’on pourrait l’attendre. La pédagogie nait du témoignage sautant allégrement de la réalité à la poésie, en passant par la profusion des sentiments rarement gracieux, plutôt désordonnés.

 

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MoiMonstres, une pièce pour un acteur qui se joue des rôles en se déguisant.

Outrancière, elle peut être vue à partir de 15 ans.

D’une durée de 1h15, ce spectacle créé par la Compagnie l’Arlequin Inverti E. est autonome en termes d’équipement. Il est donc adaptable à tout type de lieu non équipé de régie, la compagnie ayant ses propres moyens techniques. Néanmoins, le noir est nécessaire aux vidéoprojections, parties intégrantes du spectacle, à des moments-clé. Une surface de projection (avant ou arrière) de fond de scène pour la projection est souhaitable.

L’espace scénique nécessaire est d’environ 7m X 5m

MoiMonstres dispose de surtitres en anglais, en allemand et en catala

illustration: Dora Protoulis

les personnages

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MoiMonstres ( note d'intention)

 

« De la pitié - très bien ! Il y a deux sortes de pitié. L’une molle et sentimentale, qui n’est en réalité que l’impatience du cœur de se débarrasser au plus vite de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d’autrui, cette pitié qui n’est pas du tout la compassion, mais un mouvement instinctif de défense de l’âme contre la souffrance étrangère. Et l’autre, la seule qui compte, la pitié non sentimentale mais créatrice, qui sait ce qu’elle veut et est décidée à persévérer avec patience et tolérance jusqu'à l’extrême limite de ses forces, et même au-delà. C’est seulement quand on va jusqu’au bout, quand on a la patience d’y aller qu’on peut venir en aide aux autres. C’est seulement quand on se sacrifie et seulement alors ! »

 

« Le fait que c’est précisément de l’abîme le plus profond de la détresse que s’élève le plus furieusement le cri panique du désir de vivre, ce terrible secret, jamais, dans mon inexpérience, je ne l’avais soupçonné. Et c’est seulement en cette minute qu’il avait pénétré en moi comme un fer brulant. »

 

Stefan Zweig, La Pitié Dangereuse

Traduction Alzir Hella 

 

Genèse

 

2001

A l’origine MoiMonstres s’appelait Chemin au Milieu du Désastre.  Pièce où se répondaient le SIDA et l’homme qui accompagnait celui qui en était malade. Deux parties presqu’égale d’un spectacle ou les grimaceries d’un SIDA en nuisette extravagante faisait face à la vie quotidienne d’un couple à l’hôpital.

Chemin au Milieu du Désastre fut le début de l’histoire de l’Arlequin Inverti E.

Chemin au Milieu du Désastre est une pièce autobiographique sur la douleur, écrite dans l’urgence. Très vite l’auteur-comédien ne trouva plus d’intérêt à la présenter.

 

En 2004 l’équipe de l’Arlequin Inverti E. eurent envie de retravailler ce spectacle en multipliant les points de vue sur la maladie. Cinq personnages furent créés pour Monstres (La veuve de la communauté) constitué de monologues tantôt loufoques, tantôt tragiques. Les deux comédiens les interprétants se retrouvaient pour une ultime scène à deux ou ils jouaient un couple s’enfonçant dans les tourments de la maladie.

La démarche de la compagnie est tout autre que pour la première création puisque Monstres (La veuve de la communauté) ressemble davantage à une série de courts sketches qu’à une pièce de théâtre classique. Le coté performance s’est tout naturellement imposé lorsque la décision fut prise de jouer sans décors, pleins feux et de ne laisser sur scène qu’une chaise. 

 

2010

MoiMonstres arrive neuf ans après Chemin au Milieu du Désastre. Les personnages sont les mêmes que dans Monstres (La veuve de la communauté). Le spectacle est redevenu un solo comme dans sa mouture de 2001. Il a donc fallu travailler des transitions sonores et vidéo pour laisser le temps au comédien de changer de costumes. La forme est redevenue classique avec un travail sur les accessoires scéniques et la lumière, mais le jeu, souvent outrancier, parfois frontal peut s’apparenter à de la performance.

MoiMonstres  mesure le temps passé depuis le SIDA des années 2000. MoiMonstres parle de Bareback* mais aussi d’espoir ou d’apaisement. La lutte et l’engagement sont toujours présents… Sont venu se greffer dessus un peu plus de pitreries, un peu plus poésie, un peu plus d’esprit putassier.

En nous nous remettons au travail, avec une équipe pratiquement entièrement renouvelée, nous avons abandonné le coté « tranche de vie » ou « reportage » de 2004, mais surtout de la première mouture.

Dans MoiMonstres, Sidatrav’ garde tout son panache, tandis que la plainte de Petit Bonhomme (Chemin au Milieu du Désastre et Monstres) s’est fragmentée. La parole du deuil s’est diversifiée, elle est tour à tour prise par un homme fatigué de porter son complexe du survivant et par son double hystérique.

Dans MoiMonstres le réel est pratiquement banni. Nous ne voulions pas faire une pièce de prévention.  Le spectacle est articulé autour de « personnages-symboles » ayant plus de rapport avec ce qui peut se passer dans nos cerveaux confus que dans notre quotidien. Nous ne croyons pas que MoiMonstres soit une pièce de « prévention », car c’est un spectacle qui reflète plutôt les doutes et les délires de personnages subissant le stress de la maladie. MoiMonstres témoigne aussi d’une certaine fatigue, d’un certain décalage entre ce que nous avons vaincu et l’inconscience du retour des comportements à risques.

Mais témoigner de cette fatigue, de ce stress, de ce décalage n’est il pas une certaine forme de prévention ?

Les personnages

 

Dès la deuxième scène, un pantin est apporté sur scène. Il symbolise le mourant. Son corps de tissu et de mousse surmonté d’un masque blanc permet aux personnages de chair de vivre leur relation avec le malade. Au fur et à mesure du spectacle, cet être passif et moelleux encaisse les coups ou, au contraire, perçoit les caresses. Il se charge émotionnellement jusqu'à prendre vie… Une vie toute fragile, haletante, éphémère. Elle représente le malade qui est déjà ailleurs. C’est un objet pour les vivants

 

L’Homme Dernier

C’est un personnage crée dans une pièce antérieure.

C’est lui qui reste seul. Il n’a pas de sang sur les mains, mais beaucoup de cendres… Et beaucoup de poudre dans le nez.

Il est fou et fantasque… Surtout drogué. C’est la seule manière qu’il a trouvée pour ne pas étouffer entre son deuil, sa sexualité et le regard des autres.

 

SIDAtrav’

Personnage complètement déjanté. Il n’a peur de rien, car il connaît la fin de l’histoire.

Son but est de provoquer le public par ses mimes et ses farces. SIDAtrav’ prend ce qui lui appartient. Nous l’avons voulu ivre de paroles et défait, comme la fin d’une longue nuit de fête, pour montrer le vulgaire et le sordide de ce Virus, souvent associé à l’amour.

 

Le Mec

C’est lui qui reste seul. Seul bien avant la mort de son amant. Il sait que ce dernier va mourir et qu’ils ne se seront pas tout dit.

 

L’Infirmière Folle & Fantasmée

Elle sort de n’importe où.

Nous ne savons pas grand-chose d’elle, sauf qu’elle prend son métier très à cœur.

C’est le personnage le plus caricatural de la pièce… Une tranche de rire

 

Le Mourant

Il est objet. Il est punching-ball d’amour maladroit, de méchanceté, d’amertume ou d’indifférence.

Son dernier souffle, il s’en sert pour parler de son corps déglingué et du manque de dignité des derniers jours.

La souffrance, les médicaments le font délirer. Alors pour nous faire rire, il s’invente clown.

 

L’Auteur

Pirouette finale après tant de déguisements, tant de bouffonneries et de tragédies… L’auteur de la pièce qui en est aussi le comédien se présente, face à son public, en civil. Il conte la fin d’une tranche de vie et la suite d’un parcours. 

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